du 09 janvier au 21 février 2019

ÉMILIE BROUT & MAXIME MARION


A truly shared Love © E. Brout & M. Marion / courtesy Galerie 22,48 m2

En janvier et février 2019, Émilie Brout et Maxime Marion nous présentent deux de leurs oeuvres récentes qui se jouent de notre rapport à l’image numérique et des outils qui s’y rapportent. En mêlant un poème écrit par Gregory Corso en 1958 et « images-clefs » trouvés en ligne ou en se conformant au formatage imposé par les banques d’images, la vraie vie circule entre ces paramétrages. Mais de quelle vie parle-t-on vraiment ?
Les deux vidéos seront projetées en boucle les soirs de concerts en entrée libre (concerts à suivre payants) le 9 janvier à 20h, le 24 janvier à 20h30, les 1er, 7 et 21 février à 20h.

Nés en 1984 et 1982 en France, ils vivent et travaillent à Paris. Émilie Brout et Maxime Marion sont diplômés de l’ENSA Nancy et de l’ESSAix d’Aix-en-Provence. Ils ont participé deux ans à l’ENSAD Lab, où à débuté leur collaboration.
eb-mm.net/fr
instagram
facebook
Galerie 22,48m2


bOmb © E. Brout & M. Marion / courtesy Galerie 22,48 m2


bOmb © E. Brout & M. Marion / courtesy Galerie 22,48 m2


b0mb

b0mb est une vidéo générative en ligne, différente à chaque visionnage et accessible via un site web dédié.  Avec un rythme intense, elle présente un montage de plusieurs centaines d’images de toute nature présentes sur internet,  défilant sur une bande son musicale où l’on entend la voix de Gregory Corso lisant son poème Bomb (1958). Déclaration d’amour à la plus terrible des technologies et métaphore de la nature autodestructrice de l’homme, le poème comporte une grande diversité de champs lexicaux lui conférant une dimension presque universelle. Figure de la Beat Generation, Corso cherche à produire ici une poésie où les phrases seraient absentes de perspective, construisant son texte via une juxtaposition de mots-clés les uns « contre » les autres. A partir du poème, les artistes ont alors effectué un travail de réduction d’écriture, de filtrage et d’interprétation, pour traduire son contenu en requêtes pour moteur de recherche tel que Google Image. Chaque image visible dans b0mb provient donc automatiquement du résultat d’une de ces requêtes, sélectionnée selon des algorithmes de popularité, et s’affiche de manière synchronisée avec le texte énoncé, par un montage au chemin de fer prédéfini.Si la durée et le son restent fixes, les images sont renouvelées à chaque visionnage, évoluant peu à peu dans le temps, au fil de l’actualité. La pièce se comporte telle un protocole automatique en ligne, puisant dans son environnement des visuels pour les donner à voir sous un autre jour le temps d’un instant. De par la grande diversité de sujets abordés dans le poème et la nature hétérogène des images (photographies amateur, publicités, cliparts, presse, différences de définition…), l’œuvre donne donc à voir une sorte d’instantané de la culture visuelle d’Internet. Par un enchaînement effréné d’images indifféremment anodines, belles ou terribles, elles rendent aussi compte du sentiment de dépassement et de violence qui peut s’en dégager.


A truly shared Love © E. Brout & M. Marion / courtesy Galerie 22,48 m2


A truly shared Love © E. Brout & M. Marion / courtesy Galerie 22,48 m2


A Truly Shared Love

Il la regarde, les yeux énamourés. Elle le regarde, plus tard, alors qu’il est endormi. Un chat se prélasse dans le lit. Peut-on imaginer plus grande douceur ? Revisitant le fantasme de l’amour partagé, le duo d’artistes Émilie Brout et Maxime Marion réalise une vidéo de cinq minutes qui fait figure de teaser à un film d’amour : le leur. Tournée dans leur atelier – remanié pour l’occasion en décor d’une extrême neutralité –, la vidéo suit le cahier des charges exigeant de Shutterstock, une plateforme qui vend images et vidéos à des professionnels de tout type… D’où l’apparence lisse et la rigueur impeccable des plans. L’objectif : faire accepter le film, actuellement en cours d’examen par la plateforme.Pour ce faire, en plus de leur travail sur l’esthétique, ils ont ménagé des espaces libres qui permettront aux éventuels clients de glisser leur publicité au sein même du film : c’est pourquoi les personnages travaillent sur des ordinateurs à fond vert, sur lesquels la caméra zoome longuement. Telles quelles, les images donnent une impression vertigineuse de vide, de vie factice, organisée selon des standards insupportables – pour être heureux, il faudrait être jeune, blanc, hétérosexuel, en couple, mince, beau… Et pourtant.Quelques indices, glissés ici et là, instillent une pointe de malice et d’intimité au coeur même de la neutralité. Émilie Brout et Maxime Marion ont en effet demandé à trois artistes de créer des oeuvres insérées au fil du film : une tapisserie et un dessin de Jimmy Beauquesne, un blouson noir de Ludovic Sauvage, et l’affiche du film, de Yannis Pérez. Surtout, ils sont véritablement en couple, et amoureux – impossible de ne pas le sentir durant la scène du baiser, pur éclair de sensualité. Ils tentent donc d’inviter un peu de leur vie privée et de leur art au coeur des standards d’Internet et à la Villa du Parc (Annemasse), où sont actuellement visibles le film et ses oeuvres.
(Maïllys Celeux-Lanval, “De l’amour en stock”, Beaux-Arts Magazine, novembre 2018)

________________

Le programme-vidéo RIEN À VOIR bénéficie du soutien du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis.

horaires
ouverture des portes 20h30 | concert à 21h00 | de 20h30 à 21h00 : Rien à voir