jeudi 28 novembre 2019

– LUC FERRARI – STEREO SPASMS #1
MICHEL MAURER
(Piano et magnétophone)

À l’occasion du 90ème anniversaire de la naissance de Luc Ferrari (1929-2005), Les Instants Chavirés proposent Stereo Spasms, un évènement initié plus tôt cette année à Londres par Brunhild Ferrari, Thurston Moore et Eva Prinz (éditeurs de Complete Works de Luc Ferrari) et qui se poursuivra cet hiver à New York.

Plus qu’un hommage, Stereo Spasms – Montreuil – célèbre une grande figure de la musique expérimentale et concrète, un observateur affuté d’une réalité souvent extra-musicale.
L’écoute des mondes, le travail sur l’intuition, la renaissance et la mutation du figé et surtout la pulsion incessante de la liberté seront mis à l’honneur lors de ce programme (forcément parcellaire), consacré à l’oeuvre de Luc Ferrari.

Un évènement en deux temps : ce jeudi 28 novembre aux Instants Chavirés avec le pianiste interprète spécialiste de l’oeuvre de L. Ferrari, Michel Maurer et ce vendredi 29, au Nouveau Théâtre de Montreuil-CDN, une soirée de concerts et de diffusion avec Erikm, Scanner et Hélène Breschand dans le cadre du Festival Mesure Pour Mesure.

Se faire plaisir était l’un des leitmotiv de Luc Ferrari, ne lui faisons pas offense et faisons nous plaisir à l’écoute des musiques qu’il nous a léguées. Cet événement est conçu avec la complicité de Brunhild Ferrari, compagne et dépositaire de l’oeuvre de Luc Ferrari, qui présente également une pièce de sa composition.

http://lucferrari.com/
Biographie

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jeudi 28 novembre / Instants Chavirés
Ouverture 20h30
Concert à partir de 21h00
Places assises limitées et debout.
pas de vestiare
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13 euros plein tarif sur place
11,49 préventes en ligne (lien)
11 euros Montreuiloois
9 euros abonné.es instants Chavirés

Programme
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Collection de petites pièces ou 36 Enfilades pour piano et magnétophone (1985) — 45′
Par Michel Maurer

À l’origine, c’est-à-dire en 1984, Collection était conçue comme une sorte de théâtre musical. Le protagoniste solo était un pianiste qui s’interrogeait sur la musique.
Ainsi le pianiste parlait. Il parlait de cette Collection de petites pièces, et il jouait aussi du magnétophone. Depuis les choses ont changées, je n’étais plus intéressé de la même manière au théâtre musical et les magnétophones ont quasiment disparu. Mais j’ai tout de même gardé le titre ou 36 enfilades pour piano et magnétophone.
Et j’ai gardé ce titre de la manière la plus effrontée d’autant que la version théâtrale a emporté avec elle la pièce n° 30 ce qui fait 36 – 1 = 35.
Mais je tenais au titre original avec son numéro 36.

En ce qui concerne la version théâtrale et pour montrer que j’ai bien eu raison de la supprimer, je vais en donner ici quelques extraits.

… d’ailleurs les archives dans lesquelles j’ai trouvé ces notes parlent des « nouveaux pianistes ».
Voilà l’histoire :
J’ai découvert dans la bibliothèque municipale d’un petit village de Lozère, un manuscrit constitué de pages musicales, de notes et d’explications, de brouillons aussi, dont l’ensemble constitue semble-t-il un tout, avec un parcours assez logique.
Cette « partition » est faite de pièces accompagnées souvent de textes destinés à être lus pendant l’exécution. Bien que ni datées ni signées, les pièces sont numérotées et l’ensemble porte le titre suivant : Collection de petites pièces, ou 36 enfilades pour Piano et Magnétophone.
Des spécialistes m’ont aidé dans mon travail de recherche et aussi de réécriture. Enfin nous avons décidé de signer l’œuvre, afin de la sortir de son anonymat ; et nous avons inventé le nom de Luc Ferrari.

C’est ainsi, peut-être un peu naïvement que j’écrivais à l’époque. En ce temps-là j’ai écrit aussi des textes moins naïfs que j’ai gardé…
Plus loin on trouve :

C’est donc une collection de petites pièces très courtes. Elles sont composées à partir de 6 thèmes (…) il y a aussi des citations, des hommages et des idées qui n’ont rien à voir et qui semblent pourtant appartenir à la même suite…

C’est vrai et si on veut pécher un instant à travers un souci l’analyse, n’ayons pas peur de dire que la pièce N° 7 est une enfilade des 6 thèmes.

Voici les titres :
N° 1 Thème et variation 1 (piano + bande)
N° 2 Objet complexe (piano solo)
N° 3 Souvenir souvenir (piano solo)
N° 4 Paysage (bande solo)
N° 5 Ritournelle interrompue (piano solo)
N° 6 Simplissimo (piano + bande)
N° 7 Les 6 thèmes (bande solo)
N° 8 Simplissimo-Arpège (piano + bande)
N° 9 Objet simple (piano solo)
N° 10 Histoire d’A (bande solo)
N° 11 Danse 1 (piano solo)
N° 12 Thème et variation 2 (piano + bande)
N° 13 C’est la Valse (piano + bande)
N° 14 Zarathoustra (piano + bande)
N° 15 Dodécasonic (piano + bande)
N° 16 Thème et variation 3 (piano + bande)
N° 17 Danse 2 (piano solo)
N° 18 Tendrement (piano + bande)
N° 19 La voix est une énigme (piano solo)
N° 20 Danse 3 (piano + bande)
N° 21 Hommage à Schumann 1 (piano solo)
N° 22 Thème et variation 3 (piano + bande)
N° 23 Polyphonie-Rhythme (piano + bande)
N° 24 J’écoute la radio (piano solo)
N° 25 Guimauve (piano + bande)
N° 26 Thème et variation 4 (piano + bande)
N° 27 Hommage à Schumann 2 (piano solo)
N° 28 Ça glisse ça glisse (piano + bande)
N° 29 Polyphonie-Arpège (piano + bande)
(Le N° 30 existait dans la première version dite théâtrale, mais n’a plus ici sa place)
N° 31 Campanella de Liszt (piano + bande)
N° 32 Dernière variation (piano + bande)
N° 33 Mélodie-Rythme piano + bande)
N° 34 Les Brahms ou la vie (piano solo)
N° 35 Téléphone (bande solo)
N° 36 Finale furieux et triste (piano + bande)

Luc Ferrari, 28 novembre 2003

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Fragments d’un journal intime (1980 -1982) — 20′
Pour piano
Par Michel Maurer

Michel Maurer jouera Prérface, Vue sur la désolation, Clair-obscur et ce Mystérieux moment.

Du 11 au 20 avril 1983 s’est donnée au Musée d’Art Moderne de Paris, une pièce de théâtre musical, qui s’appelait Journal intime, pour une comédienne, une chanteuse et un pianiste.
J’étais l’écrivain et le compositeur de cette pièce de théâtre-là. Elle a été jouée dans différentes situations, pendants différentes années et puis, elle est allée au tiroir, dormir.
J’avais de temps à autre l’idée de l’en sortir, sans trop savoir comment. Et puis le sentiment m’est venu d’en tirer une suite pour piano. C’était tellement normal puisqu’il s’agissait déjà d’une suite de pièces pour piano, que je m’étonne de ne pas l’avoir eu avant !
Chaque pièce porte maintenant un titre qui la lie à l’ancienne forme théâtrale et donc au texte, sans que l’on ait le besoin de le connaître. Simplement, ces titres placent le morceau musical dans une attention poétique.

Luc Ferrari, 18 décembre 1995

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À la recherche du rythme perdu (1978) — 20′
Piano & bande
Par Michel Maurer

Cette pièce n’est pas vraiment une pièce nouvelle, pourtant elle n’est pas non plus une nouvelle version d’une pièce ancienne. Mais soyons clairs: il y a ici utilisation de la même bande magnétique que pour Musique Socialiste – programme commun pour clavecin et bande, pièce qui a été réalisée en 1972, année de la signature du Programme Commun de la Gauche. Quant à la partition, si elle n’est pas totalement nouvelle (elle utilise en partie les mêmes notes), elle contient des propositions qui sont différentes; je vais essayer de m’en expliquer.
Musique Socialiste était destiné au clavecin, mais surtout à des interprètes venus de la musique classique. L’expérience de ceux-ci les conduisant à reproduire instrumentalement l’écriture du compositeur.
Dans A la recherche du Rythme Perdu, je voudrais m’adresser à des musiciens venus du jazz. Ce qui veut dire que les notes qui sont pour les musiciens classiques un code de jeu, sont ici des indications d’ambiance, plus que des signes à reproduire instrumentalement.
L’histoire de cette partition est un peu l’histoire d’une expérience, d’où le titre « réflexion sur l’écriture ». Les musiciens classiques ont l’expérience de la forme globale, donc d’un parcours musical avec ses progressions et ses dégressions. Les musiciens de jazz ont l’expérience du moment, du détail, du rythme et de la communication intuitive entre eux. C’est pourquoi cette partition comporte moins de notes, et surtout, comme il est dit plus tard, des notes qui ne sont pas obligatoirement à jouer, mais, plus d’indications de parcours général.

Si j’ai dit qu’il s’agissait plus d’une nouvelle pièce que d’une nouvelle version, c’est que la musique qui sort de là est totalement différente, on peut seulement dire qu’il y a une parenté d’expression, oserais-je dire (après avoir regardé dans un dictionnaire), qu’il y a une parenté lyrique.

Quelques mots à propos du titre. J’ai quelquefois l’impression que ce que j’appelais tout à l’heure le code, le respect de l’écriture (c’est-à-dire de la loi), a occulté l’intuition musicale, a censuré le sens du rythme, et peu à peu grignoté l’imagination des interprètes. (Il ne faut pas croire que je considère la pulsation de la bande comme un rythme; au même titre que l’écriture, elle est stérile, c’est seulement l’action qui donne vie à l’ensemble.) Ce que j’aimerais c’est que cette richesse perdue, on tente de la rechercher. Le rythme ne s’écrit pas, les petites différences qui font qu’un corps est animé d’une réalité rythmique sont si subtiles qu’elles échappent complètement à la grossièreté de l’écriture, ainsi doit se comprendre cette « réflexion sur l’écriture »

Luc Ferrari, Paris en février 1978

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Michel Maurer a obtenu un Premier Prix de piano au CNSM de Paris dans la classe d’Aldo Ciccolini. Il a été finaliste du concours « Alfred Cortot » (Milan) et du concours d’interprétation de musique contemporaine « Acanthes » (Paris).
Pianiste de l’ensemble instrumental Ars Nova, invité de prestigieux festivals consacrés à la musique contemporaine (Présences de Radio France, Sons d’hiver, Agora, Archipel de Genève, …) il crée des œuvres de Alexandros Markeas, Zad Moultaka, Luc Ferrari… Musicien polyvalent, il participe à des concerts de musique improvisée avec Denis Colin, l’Ensemble «TRANSES EUROPEENNES»…réalise des musiques pour des vidéos du peintre Olivier Marty et participe à de nombreux projets pluridisciplinaires (théâtre musical, spectacles chorégraphiques). Lors de ses récitals il démontre son intérêt à situer le répertoire classique au côté d’œuvres contemporaines.
Il a enregistré l’intégrale des œuvres pour piano d’Arnold Schoenbergs pour l’Empreinte Digitale, (4 étoiles « Monde de la Musique »), ainsi que plusieurs CD consacrés aux œuvres du compositeur Luc Ferrari dont “Piano-Piano” avec Christine Lagniel, (Diapason d’Or, nomination aux Victoires de la Musique 1999) et «Collection», avec la percussionniste Françoise Rivalland (coup de cœur Académie Charles Cros)… Il enseigne aux CRD de Montreuil et de Romainville.

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artwork, Lettrages : Hélène Marian
http://www.helenemarian.com/

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Les Instants Chavirés sont depuis 1991 un lieu de diffusion, situé à Montreuil (93), pensé comme un laboratoire des musiques improvisées, expérimentales, bruitistes. Son annexe, l’ancienne brasserie Bouchoule, propose un autre regard autour des arts visuels et sonores. Deux lieux pour un même partage d’une certaine création contemporaine.

Les Instants Chavirés sont impliqués dans le domaine des musiques expérimentales et rendent compte de ses multiples formes, générations, origines et approches. La programmation musicale des Instants Chavirés se définit par la diffusion et la production de concerts et de résidences d’artistes.
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